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USMM Saison 2024-2025

 

24h de Ploeren.... Voyage en Circadie, voyage au bout de la nuit

Jeudi 12 Décembre 2019

Le 24h est vraiment une course atypique. Parcourir une boucle de 1km en courant peut sembler fou… et cela l’est !
 
Fin de cycle pour moi après mon IronMan et les 100km de Millau, je débarque profil bas à Ploeren ce samedi 7 décembre pour participer, découvrir et surtout apprendre. 130 concurrents au départ, essentiellement des habitués de la distance avec leur matériel et leur organisation de fou…,pour un départ samedi 12h, arrivée dimanche 12h…
 
 
Que dire d’une course où on tourne en rond…. ?
 
Les 6 premières heures ont vu les douleurs s’installer progressivement avec un rythme prévisionnel respecté. Jusque-là tout va bien même si on se dit qu’on n’est qu’au ¼ de la course…
 
Les 6 heures suivantes ont vu s’installer une immense spirale de douleurs, de défaillance avec un moral au plus bas et l’idée d’abandonner omniprésente. Les bobos s’enchainent.... pour moi, ce sont les pieds et les chevilles qui lâchent, je cours/marche comme un robot… et je sais qu’on n’est encore que dans la première moitié !
 
A partir de minuit j’ai découvert qu’au-delà du fond, lorsqu’on l’avait touché, il y avait encore plus noir, encore plus douloureux. Après la force physique vient la force de l’esprit… Après la force de l’esprit reste… le cerveau reptilien !.....
 
Aux douleurs articulaires et tendineuses ont succédé les nausées, vomissements et vertiges. Avec la pluie glaçante qui traverse les 5 couches de vêtements, ils ont été mes impitoyables compagnons de route.
 
Il n’y avait plus rien en moi, qu’un vide moral et intellectuel noyé dans une immensité de solitude et de douleur. J’ai eu des hallucinations, j’ai titubé, j’ai vu des singes danser sur le bord de la route, des coureurs surgir de la chaussée ou se fondre dans le bitume et j’ai entendu Mylene Farmer chanter sans fin dans ma tête « tu t’entête à te foutre de tout mais pourvu qu’elles soient douces »… pfffff….
 
A 8h le dimanche matin, le jour se lève, je vais mieux… J’enchaine des  séries de plusieurs kms sans pause. 9h30, ça y est,  l’objectif kilométrique de 160km est atteint… je continue quand même….je ne sens plus rien, je deviens indestructible… lent mais indestructible 
 
A 10’ de la fin, coup de sifflet. La magie de la course reprend ses droits, enfin je vois le bout du tunnel, j’accélère, je pars dans un sprint accompagné par tous ceux qui ont encore la force de tenir debout. Les cinglés…. ça fait 23h50 qu’on est là et on essaye encore de se tirer la bourre… et finir à 250m du précédent m’énerve aujourd’hui… on ne se refait pas !!!
 
L’après course est super sympa. Autour d‘une bonne bière, on se retrouve pour échanger et quelques kadors viennent me voir pour me redonner encore des conseils pour la prochaine fois… car il y aura certainement une prochaine fois… un jour… mais pas tout de suite ! En attendant j’écoute encore et j’apprends, ça va servir !
 
 
Quel bilan ?
Faire son premier 24h seul, sans copains de course, sans assistance, en hiver et ses 14h d’obscurité et 2 mois après un 100km relève d’une imbécilité totale, j’en suis conscient.
 
Je voulais apprendre et toucher mes limites. J’ai appris sur moi-même, j’ai même gratté un peu trop profond… je ne pensais pas devoir puiser aussi profond, j’en garde un gout presque amer. J’en suis ressorti mais à quel prix… je me sens abimé même si je suis un (petit) peu fier de moi.
 
Les appels et messages reçus pendant cette course m’ont permis de ne pas sombrer. Merci merci, ils m’ont tous insufflé de l’énergie et du courage.
 
Je n’étais pas totalement prêt physiquement encore moins psychologiquement. La leçon est dure mais elle fait progresser et c’est peut être ça ma principale victoire, avoir su m’en sortir et avoir un peu grandi. A l’aube de mes 50 ans, je ne pensais pas me faire un tel cadeau.
 
Et pour la dernière fois de l’année… mon expression favorite qui n’est toujours pas un cri de guerre mais une expression permettant de souhaiter des vœux de bonheur et de longévité… BANZAI !!!!!
 
 
Pour l’anecdote… marque finale à  173,240km, classement 12/130 au scratch mais là n’est pas l’important.
 
 


Stéphane TAISNE


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