« Profites-en bien, on ne fait qu’une fois un premier marathon ». C’est avec cette Lapalissade de mon ami Thomas en tête que je me suis élancé dimanche matin pour le premier marathon de ma vie.
Après 4 mois de galère à ne pas arriver à soigner une sale … à cuisse droite, après des heures à tourner comme un hamster dans sa roue sur les pistes du stade ou dans la nature pour de longues escapades bucoliques, le grand jour était arrivé.
Bardé de crème, gonflé au malto et plus beau t-shirt enfilé, me voilà enfin sur la plus belle avenue du monde, prêt à en découdre.
Je viens de quitter Eric avec lequel j’ai partagé un petit échauffement à 7h30. Il a l’air dans une forme olympique, je le regarde courir en me disant qu’un jour, je parviendrai peut être à le suivre. Mais bon, pour aujourd’hui, je vais me contenter de finir.
Le médecin m’a donné son feu vert il y a deux semaines, alors top départ. J’ai décidé de descendre mon allure cible de 10s pour ne pas me griller trop vite et essayer de faire le fameux « négative split ».
A 9h00, accompagné d’une horde joyeuse et bigarrée, nous nous élançons tranquillement.
Les premiers kilomètres défilent, l’allure est maintenue sans difficulté. Aucune douleur à l’horizon…
Déjà le km 6, je pensais être au 5, il faut dire que je fais du tourisme, je regarde les monuments, lève le pouce à chaque groupe de musique, prends le temps de sourire aux supporters, la balade quoi.
Le soleil est maintenant bien levé et la température augmente. A chaque ravitaillement, j’avale ½ litre d’eau et à chaque arrosage de pompier, je passe sous la lance… Il commence à faire chaud.
Semi marathon… tout va bien, j’ai 2 minutes de retard sur l’objectif mais une facilité déconcertante à tenir le rythme… Je remercie Cosi et son plan magique. Finalement, on en fait tout un plat mais ça n’est pas si dur que ça le marathon…
26ème kilomètre, une petite pointe de douleur sur la cuisse droite commence à apparaitre. La tendinite se réveille mais il est trop tard pour elle, je suis bien lancé… plus rien ne peut m’arrêter. Par sécurité, je ralentis quand même mon allure pour vraiment me préserver en attendant Olivier.
Ah oui, Olivier, rebaptisé René pour l’occasion, mon sherpa, mon ange gardien, mon prof, mon pot’, bref celui qui m’a dit qu’il serait là au moment où ça serait dur parce que la course « et bin, elle commence vraiment au 30ème… »
Et le voilà justement, on se tape dans la main et c’est parti. J’ai perdu le visuel sur le meneur d’allure depuis 5 minutes et je veux absolument le rattraper. Et j’en redemande à Olivier qui part….
Premiers tressautements dans la jambe … je néglige, ça insiste… je force … ça fait mal.
Je suis obligé de ralentir, 15 secondes de moins en allure. Pas la mer à boire mais ça commence à m’énerver.
Passage au 31ème, je ne sens tout d’un coup plus mes jambes. Je le dis à Olivier et il se marre. « Tu t’attendais à quoi ? à une promenade de santé ? tu vas en ch…, c’est normal et c’est pas fini… ». Ça calme… je me tais et continue à avancer….
Tout d’un coup je rigole moins. Les jambes qu’on ne sent plus, à la limite ça passe d’autant plus que le souffle est là mais la cuisse droite qui commence vraiment à coincer, c’est inquiétant. J’ai l’impression de boiter… On passe devant ma petite famille, je les entends à peine et les entrevois l’espace d’un instant mais ça fait du bien, ça fait même beaucoup de bien… mais ça n’arrange pas cette fichue cuisse !
35ème, le coup de poignard. Arrivé par traitrise, je ressens comme un coup de couteau dans l’arrière cuisse droite. J’ai envie de hurler, ça brule à chaque pas, à chaque secousse.
Mon horizon se réduit, je ne vois plus que la route et j’ai l’impression qu’elle penche (En fait c’est moi qui court complètement courbé à droite….)
Seul Olivier me fait encore rire (en mon for très intérieur), à faire le sherpa auprès de tous ceux qui marchent, leur tapant sur l’épaule pour les relancer, partant avec eux pour s’apercevoir qu’il me perd, faisant demi-tour pour venir me chercher. Mieux qu’un chien de berger, le top luxe.
Ne pas marcher, ne pas s’arrêter, finir, finir. Olivier me demande si je veux boire, manger, mais non je veux juste que ça se termine. L’allure ralentit encore, je ne regarde même plus le chrono…
Le bois de Boulogne s’étire, interminablement, je vois des ambulances passer, je me dis que l’une d’entre elle va m’embarquer et m’emmener mais non, il faudra que j’y arrive seul…
Dernier rond-point, j’entends Olivier me crier que c’est l’arrivée, que je l’ai fait, que c’est fini, que je peux sprinter. Alors je me lance, je ne vois même pas la ligne mais je j’accélère du mieux que je peux avec la douleur qui me fait crier et redescends en moins de 4’/km…
C’est le chant du cygne, je vois l’ombre du portique d’arrivée et puis plus rien. L’instant d’après, j’ouvre les yeux sous les baffes d’Olivier qui me vide une bouteille d’eau sur la tête. Deuxième course qu’il m’accompagne, deuxième fois que je tourne à moitié de l’œil à l’arrivée, va pas falloir que ça devienne une habitude.
Je me relève, reprends un peu mes esprits, regarde le chrono et reste abasourdi. De colère, j’en oublie ma douleur à la cuisse (comme quoi…). C’est tellement loin de ce que j’espérais faire que je récupère presque tristement ma médaille et mon T-Shirt.
Après ça, vient le temps le temps des retrouvailles avec toute la famille, venue me supporter pendant la course après m’avoir supporté pendant les semaines d’entrainement. Je suis profondément heureux de les voir, je suis heureux de partager ça avec Olivier.
Je prends des nouvelles des autres, ils ont manifestement souffert, eux aussi. Nous rentrons à la maison et je commence à prendre conscience que je l’ai fait, que malgré l’optimisme fanfaron affiché ces dernières semaines, j’étais persuadé au fond de moi que finir relevait de la mission quasi impossible.
Ce premier marathon fut un très très très beau moment, une vraie leçon d’abnégation et d’humilité, une épreuve aussi physique que mentale.
Je risque de payer l’addition à ma cuisse un peu cher mais je m’en fous, j’ai quelques semaines de repos devant moi, j’ai LE T-Shirt que je voulais et la belle breloque pour me rappeler tous ces beaux souvenirs.
Et puis après, ça sera Paris Versailles à la rentrée, la ;; en décembre et peut être de nouveau le Marathon de Paris l’année prochaine, « on va pas s’arrêter en si bon chemin ».
Encore merci à mes trois femmes pour leur patience (promis, j’arrête la crème Aroma avant de me coucher le soir…), merci aux pot’ d’entrainement, à ceux qui m’ont abreuvé de conseils si utiles, à ceux qui m’ont soutenu et encouragé…. J’ai beau n’avoir qu’un petit moteur, j’ai le cœur qui est encore gonflé à bloc !
Grâce à vous, j’ai fait le marathon de Paris… et je ne suis plus un Rookie !
Stéphane
Les “finishers” de l’USMM
Benjamin PAPILLON 2h30min25s
Eric VERGER 3h21min04s
Jean-Louis PIETRI 3h22min00s
Laurent DAGUENEL 3h30min31s
Stéphane TAISNE 3h52min06s
Nadine JOUFFREY 4h04min45s
Guillaume FAVE 4h08min27s
Lyne PRADILLON 4h25min12s
Christophe DUPONT 4h28min50s
Marion CRIADO 5h08min24s
Après 4 mois de galère à ne pas arriver à soigner une sale … à cuisse droite, après des heures à tourner comme un hamster dans sa roue sur les pistes du stade ou dans la nature pour de longues escapades bucoliques, le grand jour était arrivé.
Bardé de crème, gonflé au malto et plus beau t-shirt enfilé, me voilà enfin sur la plus belle avenue du monde, prêt à en découdre.
Je viens de quitter Eric avec lequel j’ai partagé un petit échauffement à 7h30. Il a l’air dans une forme olympique, je le regarde courir en me disant qu’un jour, je parviendrai peut être à le suivre. Mais bon, pour aujourd’hui, je vais me contenter de finir.
Le médecin m’a donné son feu vert il y a deux semaines, alors top départ. J’ai décidé de descendre mon allure cible de 10s pour ne pas me griller trop vite et essayer de faire le fameux « négative split ».
A 9h00, accompagné d’une horde joyeuse et bigarrée, nous nous élançons tranquillement.
Les premiers kilomètres défilent, l’allure est maintenue sans difficulté. Aucune douleur à l’horizon…
Déjà le km 6, je pensais être au 5, il faut dire que je fais du tourisme, je regarde les monuments, lève le pouce à chaque groupe de musique, prends le temps de sourire aux supporters, la balade quoi.
Le soleil est maintenant bien levé et la température augmente. A chaque ravitaillement, j’avale ½ litre d’eau et à chaque arrosage de pompier, je passe sous la lance… Il commence à faire chaud.
Semi marathon… tout va bien, j’ai 2 minutes de retard sur l’objectif mais une facilité déconcertante à tenir le rythme… Je remercie Cosi et son plan magique. Finalement, on en fait tout un plat mais ça n’est pas si dur que ça le marathon…
26ème kilomètre, une petite pointe de douleur sur la cuisse droite commence à apparaitre. La tendinite se réveille mais il est trop tard pour elle, je suis bien lancé… plus rien ne peut m’arrêter. Par sécurité, je ralentis quand même mon allure pour vraiment me préserver en attendant Olivier.
Ah oui, Olivier, rebaptisé René pour l’occasion, mon sherpa, mon ange gardien, mon prof, mon pot’, bref celui qui m’a dit qu’il serait là au moment où ça serait dur parce que la course « et bin, elle commence vraiment au 30ème… »
Et le voilà justement, on se tape dans la main et c’est parti. J’ai perdu le visuel sur le meneur d’allure depuis 5 minutes et je veux absolument le rattraper. Et j’en redemande à Olivier qui part….
Premiers tressautements dans la jambe … je néglige, ça insiste… je force … ça fait mal.
Je suis obligé de ralentir, 15 secondes de moins en allure. Pas la mer à boire mais ça commence à m’énerver.
Passage au 31ème, je ne sens tout d’un coup plus mes jambes. Je le dis à Olivier et il se marre. « Tu t’attendais à quoi ? à une promenade de santé ? tu vas en ch…, c’est normal et c’est pas fini… ». Ça calme… je me tais et continue à avancer….
Tout d’un coup je rigole moins. Les jambes qu’on ne sent plus, à la limite ça passe d’autant plus que le souffle est là mais la cuisse droite qui commence vraiment à coincer, c’est inquiétant. J’ai l’impression de boiter… On passe devant ma petite famille, je les entends à peine et les entrevois l’espace d’un instant mais ça fait du bien, ça fait même beaucoup de bien… mais ça n’arrange pas cette fichue cuisse !
35ème, le coup de poignard. Arrivé par traitrise, je ressens comme un coup de couteau dans l’arrière cuisse droite. J’ai envie de hurler, ça brule à chaque pas, à chaque secousse.
Mon horizon se réduit, je ne vois plus que la route et j’ai l’impression qu’elle penche (En fait c’est moi qui court complètement courbé à droite….)
Seul Olivier me fait encore rire (en mon for très intérieur), à faire le sherpa auprès de tous ceux qui marchent, leur tapant sur l’épaule pour les relancer, partant avec eux pour s’apercevoir qu’il me perd, faisant demi-tour pour venir me chercher. Mieux qu’un chien de berger, le top luxe.
Ne pas marcher, ne pas s’arrêter, finir, finir. Olivier me demande si je veux boire, manger, mais non je veux juste que ça se termine. L’allure ralentit encore, je ne regarde même plus le chrono…
Le bois de Boulogne s’étire, interminablement, je vois des ambulances passer, je me dis que l’une d’entre elle va m’embarquer et m’emmener mais non, il faudra que j’y arrive seul…
Dernier rond-point, j’entends Olivier me crier que c’est l’arrivée, que je l’ai fait, que c’est fini, que je peux sprinter. Alors je me lance, je ne vois même pas la ligne mais je j’accélère du mieux que je peux avec la douleur qui me fait crier et redescends en moins de 4’/km…
C’est le chant du cygne, je vois l’ombre du portique d’arrivée et puis plus rien. L’instant d’après, j’ouvre les yeux sous les baffes d’Olivier qui me vide une bouteille d’eau sur la tête. Deuxième course qu’il m’accompagne, deuxième fois que je tourne à moitié de l’œil à l’arrivée, va pas falloir que ça devienne une habitude.
Je me relève, reprends un peu mes esprits, regarde le chrono et reste abasourdi. De colère, j’en oublie ma douleur à la cuisse (comme quoi…). C’est tellement loin de ce que j’espérais faire que je récupère presque tristement ma médaille et mon T-Shirt.
Après ça, vient le temps le temps des retrouvailles avec toute la famille, venue me supporter pendant la course après m’avoir supporté pendant les semaines d’entrainement. Je suis profondément heureux de les voir, je suis heureux de partager ça avec Olivier.
Je prends des nouvelles des autres, ils ont manifestement souffert, eux aussi. Nous rentrons à la maison et je commence à prendre conscience que je l’ai fait, que malgré l’optimisme fanfaron affiché ces dernières semaines, j’étais persuadé au fond de moi que finir relevait de la mission quasi impossible.
Ce premier marathon fut un très très très beau moment, une vraie leçon d’abnégation et d’humilité, une épreuve aussi physique que mentale.
Je risque de payer l’addition à ma cuisse un peu cher mais je m’en fous, j’ai quelques semaines de repos devant moi, j’ai LE T-Shirt que je voulais et la belle breloque pour me rappeler tous ces beaux souvenirs.
Et puis après, ça sera Paris Versailles à la rentrée, la ;; en décembre et peut être de nouveau le Marathon de Paris l’année prochaine, « on va pas s’arrêter en si bon chemin ».
Encore merci à mes trois femmes pour leur patience (promis, j’arrête la crème Aroma avant de me coucher le soir…), merci aux pot’ d’entrainement, à ceux qui m’ont abreuvé de conseils si utiles, à ceux qui m’ont soutenu et encouragé…. J’ai beau n’avoir qu’un petit moteur, j’ai le cœur qui est encore gonflé à bloc !
Grâce à vous, j’ai fait le marathon de Paris… et je ne suis plus un Rookie !
Stéphane
Les “finishers” de l’USMM
Benjamin PAPILLON 2h30min25s
Eric VERGER 3h21min04s
Jean-Louis PIETRI 3h22min00s
Laurent DAGUENEL 3h30min31s
Stéphane TAISNE 3h52min06s
Nadine JOUFFREY 4h04min45s
Guillaume FAVE 4h08min27s
Lyne PRADILLON 4h25min12s
Christophe DUPONT 4h28min50s
Marion CRIADO 5h08min24s