La première mexicaine aux Championnats de France de cross !
"Il manque une chambre" s'exclame la dame de l’accueil. Ça commence bien ! Paul, Cédric et moi sommes restés muets. On venait de récupérer les dossards et de faire notre footing pour repérer le parcours au Domaine de Manéhouarn à Plouay. Il était déjà 14h quand on est arrivés à l'hôtel. Dans le plan de Cédric, on devait déjà être en train de manger. Heureusement, j’avais prévu plein de snacks en cas de tracas. Au moins on allait pas mourir de faim ! Finalement la dame nous a donné une chambre mise de côté en cas d’urgence, la toute dernière. J’étais à deux doigts de dormir dans la voiture ! Ça aurait été impossible de trouver des chambres ailleurs, la ville était remplie de visiteurs venus exprès pour les championnats. On aurait entre 15 000 et 20 000 spectateurs !
Ce problème résolu, on pensait qu'à deux choses : douche et nourriture ! A notre grand dépit, on a dû se contenter d'un sandwich Casino, le seul endroit dans le coin où on pouvait trouver à manger. Ensuite, Paul et moi sommes partis faire un tour de la ville et une visite du port de Lorient pendant que Cédric regardait le rugby. Inutile de rentrer dans les détails, mais la visite a été très courte. Autrement dit, je ne vous conseille pas de choisir Lorient comme point de destination pour les vacances, ha !
J'ai pas bien dormi. Quand on se qualifie pour les France de Cross c’est déjà un bel exploit en soit. C’est la dernière course de la saison, il reste qu'à en profiter. Comme l’a bien dit Christophe « Ce n'est que du plaisir ! Tapis vert à Plouay contre tapis rouge à Cannes ! » Par contre, on ressent inévitablement une petite pression. On ne veut pas finir parmi les dernières quand même, surtout quand il s’agit des meilleures de toute la France!
Le lendemain depuis très tôt on entendait des bruits dans les couloirs (les murs étaient très fins). D'autres coureurs se préparaient pour le grand jour. Au petit dej il y en avait un qui avait ramené des pâtes dans un tupperware... "on dirait qu'il va courir un marathon" j'ai gloussé. Chacun son rituel d'avant course ! Pour Cédric c'est manger son gâteau sport chocolat et rester à l'écart. Pour moi, rien de spécial à part de la musique à fond !!
Une fois arrivés au Domaine de Manéhouarn, une des courses se déroulait sur l'écran géant, on a remarqué que le niveau de boue avait considérablement augmenté depuis la veille ... Je suis partie m’échauffer avec beaucoup de temps d'avance, toujours la musique à fond. Grâce à ma nationalité mexicaine, j'ai eu le droit à un dossard marqué "Etranger," je pouvais pas plus me faire remarquer !
Une fois prête pour les 4350m de boue, je me suis placée au départ avec les autres filles qualifiées en individuel, les équipes se trouvaient au milieu par box. Ma team m'a beaucoup manqué à ce moment là ! Mais j'étais pas tendue ni stressée; quand c'est comme ça, on sait que la course sera une réussite.
Le départ a été magistral avec une musique d'intro intense qui générait une atmosphère de suspense. C'était une sensation incomparable, une grosse vague de queues de cheval et de maillots de toutes les couleurs de la France. On est parties TRÈS vite, une fille à ma droite était déjà par terre et les coups de coudes étaient au rendez-vous comme d'habitude. Une fois que j'ai trouvé mon allure, j'ai essayé de gagner des places plutôt que de me concentrer sur le parcours qui devenait de plus en plus éprouvant. Les petites bosses ont fini par être casse-pieds. Le plus dur d'un cross c'est le changement de terrain, ça demande un grand effort au niveau des appuis. En plus, il y avait des portions où la boue gluante nous arrivait presque aux mollets. La fille qui recherchait sa chaussure avalée par la boue n'a pas manqué !
Contrairement à ce que je m'attendais, je ne me faisais pas trop doubler, c'est moi qui doublait. Sur la dernière boucle plusieurs filles se trouvaient déjà au bout de leurs forces ou étaient complètement essoufflées. Le bruit de quelqu’un qui n'arrive pas a bien respirer n'est pas beau et ça me stresse, il fallait que je m’éloigne vite !
Photos par Paul |
La dernière ligne droite en montée a absorbé toutes mes forces. J'ai accéléré avec tout ce qui me restait d'énergie et j'ai encore doublé quelques filles avant de franchir la ligne d'arrivée. Et là, c'était le chaos, les filles tombaient les unes après les autres ! J'avais la tête qui tournait énormément mais j'ai réussi à rester debout. Qui a décidé de faire l'arrivée en montée franchement? C'est une blague !
Je n'avais pas d'objectif au niveau de mon placement, j'ai fini 180ème/323. On me dit que c'est très bien comme résultat. Perso, je suis surtout contente de ne pas finir parmi les dernières. De toute façon j'étais la première mexicaine, ha !
J'ai pu regarder une partie de la course de Cédric, il a bien couru et s'est très bien placé (173ème/327). On avait eu de la chance avec la météo jusque là, mais la pluie ne s'est pas fait attendre. Pendant que Cédric et Paul regardaient la course de la catégorie master, je suis allée me réfugier dans la voiture. Je m'étais vite rincée la boue dans une rivière d'eau glacée juste avant. Ce "glaçage après course" a fait du bien à mes jambes !
Une fois au chaud dans le train du retour, on a repensé à notre petite aventure et on a bien rigolé. Ces championnats de France n'étaient que du bonheur pour moi et en plus j'étais en bonne compagnie. Je remercie notre coach, Paul, qui a été tout le temps à notre écoute et à Cédric pour ses conseils. J'espère pouvoir revivre l’expérience l'année prochaine !!
Ixel Dal Piccol
Ixel Dal Piccol