Je suis arrivé au club en septembre dernier. Je rencontre notre coach Cosimo aux origines italiennes. J'étais alors déjà inscrit au marathon de Rome. Il y avait donc comme une sorte d'alignement astral... qui allait se confirmer avec l'éclipse solaire l'avant veille de la course !
Cosimo m'a donc concocté une préparation aux petits oignons pour attaquer au mieux cette course. J'arrive donc à Rome pour mon 4e marathon, mais mon premier à l'étranger avec la meilleure préparation que je n'ai jamais faite : 9 semaines sérieuses et intenses avec 5 entraînements par semaine (dont 2 ultra monotones sur tapis en salle de sport).
Je qualifierai le marathon de Rome de très "italien" : très beau à première vue, mais quand on regarde dans le détail, il y a toujours un petit truc à redire.
Je m'explique :
- Le parcours : il est magnifique (le Colisée, les bords du Tibre, les places St Pierre, Navona, del Popolo, di Spagna,...), mais quand on regarde la route de près, on voit qu'elle est défoncée et surtout pleine de pavés...
- La météo : le temps a été magnifique tout mon séjour, mais il n'a plu qu'un jour, celui du marathon...
- Les meneurs d'allure : ils sont très pros et impliqués, mais pour les repérer, ils ont des pauvres ballons gonflés accrochés au dos et qui gênent tout le groupe qui les suit...
- Le chrono : il est précis, mais il n'y a pas de temps réel seul le temps officiel existe...
C'est sous une bruine très britannique que le départ est donné. Suite aux pluies intenses de la nuit, nous attaquons directement par d'immenses flaques d'eau (grandes comme environ 8 fiat 500 nouvelle génération) et un long secteur pavé. Avec en plus la densité des coureurs au départ, je ne lève pas les yeux de mes chaussures avant le 2e kilomètre, trempé de la tête aux pieds. Le ton est donné. Je m'accroche d'entrée aux meneurs d'allure des 3h. Le rythme imposé est soutenu mais très régulier. On tourne à 4'15'' au kilomètre. Anne-Sophie, ma femme, est au rendez-vous au 16e kilomètre sur le bord de la route. Ça motive. Je gère relativement tranquillement mon premier semi. Je me permets même une petite pause pipi en recollant rapidement au groupe.
Le plus dur arrive. Au 29e kilo, je sais qu'il y a une montée qui finalement passe plutôt bien. Ce n'était qu'un petit faux plat. Le rythme est intense, mais on a quand même le temps de penser à "pourquoi je fais ça, c'est débile" ou "j'arrête, j'en peux plus" ou "à quoi bon" et plein d'autres choses tout aussi positives. Il y a de moins en moins de paroles dans le groupe. On arrive au 34e kilomètre et tout le monde commence à piocher. Les 4 meneurs d'allure (avec leurs fameux ballons) relancent régulièrement l'allure pour coller au chrono. J'ai le ventre qui commence à se détraquer sérieusement. Je recroise Anne-Sophie grâce au parcours assez resserré de ce marathon. C'est plus dur et je fais moins le mariol. On quitte les bords du Tibre pour revenir dans le centre ville, et le quartier Renaissance. Le public se fait beaucoup plus dense et les encouragements aussi. La pluie a cessé. Au 37e, un mélange d'orgueil, de fierté et d'inconscience me pousse à accélérer. Je me dis que si je veux faire moins de 3h comme je l'ai affiché à l'entraînement, c'est maintenant qu'il faut le faire. Je pioche dans mes réserves et je laisse les meneurs derrière. Je double pas mal de monde ce qui est très grisant. Je ne vois même pas ma femme lors du troisième lieu de rendez-vous. Je ne suis pas bien, mais je vois que les autres le sont encore moins. Dans ce genre de situation, on trouve des motifs de satisfaction où l'on peut...
Grisé par cette dynamique, je saute le dernier ravitaillement du 40e kilomètre (je sais Cosi, c'est pas bien), j'avale la vraie difficulté du parcours (excepté la pluie, les flaques d'eau et les pavés bien sûr) avec une montée dans un tunnel jusqu'au 41e kilo avant de redescendre sur le Colisée pour le finish.
Au final, le chrono (en temps officiel) annonce 2h 58' 35''. Je pulvérise mon ancien record de plus de 7 minutes. J'ai le bide en vrac, mais je suis content, super fier de ma performance et soulagé d'être arrivé. Je n'ai certainement pas marqué l'histoire, mais j'ai marqué mon histoire !
Forza ! et merci Cosi !
• Les photos
Cosimo m'a donc concocté une préparation aux petits oignons pour attaquer au mieux cette course. J'arrive donc à Rome pour mon 4e marathon, mais mon premier à l'étranger avec la meilleure préparation que je n'ai jamais faite : 9 semaines sérieuses et intenses avec 5 entraînements par semaine (dont 2 ultra monotones sur tapis en salle de sport).
Je qualifierai le marathon de Rome de très "italien" : très beau à première vue, mais quand on regarde dans le détail, il y a toujours un petit truc à redire.
Je m'explique :
- Le parcours : il est magnifique (le Colisée, les bords du Tibre, les places St Pierre, Navona, del Popolo, di Spagna,...), mais quand on regarde la route de près, on voit qu'elle est défoncée et surtout pleine de pavés...
- La météo : le temps a été magnifique tout mon séjour, mais il n'a plu qu'un jour, celui du marathon...
- Les meneurs d'allure : ils sont très pros et impliqués, mais pour les repérer, ils ont des pauvres ballons gonflés accrochés au dos et qui gênent tout le groupe qui les suit...
- Le chrono : il est précis, mais il n'y a pas de temps réel seul le temps officiel existe...
C'est sous une bruine très britannique que le départ est donné. Suite aux pluies intenses de la nuit, nous attaquons directement par d'immenses flaques d'eau (grandes comme environ 8 fiat 500 nouvelle génération) et un long secteur pavé. Avec en plus la densité des coureurs au départ, je ne lève pas les yeux de mes chaussures avant le 2e kilomètre, trempé de la tête aux pieds. Le ton est donné. Je m'accroche d'entrée aux meneurs d'allure des 3h. Le rythme imposé est soutenu mais très régulier. On tourne à 4'15'' au kilomètre. Anne-Sophie, ma femme, est au rendez-vous au 16e kilomètre sur le bord de la route. Ça motive. Je gère relativement tranquillement mon premier semi. Je me permets même une petite pause pipi en recollant rapidement au groupe.
Le plus dur arrive. Au 29e kilo, je sais qu'il y a une montée qui finalement passe plutôt bien. Ce n'était qu'un petit faux plat. Le rythme est intense, mais on a quand même le temps de penser à "pourquoi je fais ça, c'est débile" ou "j'arrête, j'en peux plus" ou "à quoi bon" et plein d'autres choses tout aussi positives. Il y a de moins en moins de paroles dans le groupe. On arrive au 34e kilomètre et tout le monde commence à piocher. Les 4 meneurs d'allure (avec leurs fameux ballons) relancent régulièrement l'allure pour coller au chrono. J'ai le ventre qui commence à se détraquer sérieusement. Je recroise Anne-Sophie grâce au parcours assez resserré de ce marathon. C'est plus dur et je fais moins le mariol. On quitte les bords du Tibre pour revenir dans le centre ville, et le quartier Renaissance. Le public se fait beaucoup plus dense et les encouragements aussi. La pluie a cessé. Au 37e, un mélange d'orgueil, de fierté et d'inconscience me pousse à accélérer. Je me dis que si je veux faire moins de 3h comme je l'ai affiché à l'entraînement, c'est maintenant qu'il faut le faire. Je pioche dans mes réserves et je laisse les meneurs derrière. Je double pas mal de monde ce qui est très grisant. Je ne vois même pas ma femme lors du troisième lieu de rendez-vous. Je ne suis pas bien, mais je vois que les autres le sont encore moins. Dans ce genre de situation, on trouve des motifs de satisfaction où l'on peut...
Grisé par cette dynamique, je saute le dernier ravitaillement du 40e kilomètre (je sais Cosi, c'est pas bien), j'avale la vraie difficulté du parcours (excepté la pluie, les flaques d'eau et les pavés bien sûr) avec une montée dans un tunnel jusqu'au 41e kilo avant de redescendre sur le Colisée pour le finish.
Au final, le chrono (en temps officiel) annonce 2h 58' 35''. Je pulvérise mon ancien record de plus de 7 minutes. J'ai le bide en vrac, mais je suis content, super fier de ma performance et soulagé d'être arrivé. Je n'ai certainement pas marqué l'histoire, mais j'ai marqué mon histoire !
Forza ! et merci Cosi !
• Les photos